A taxi driver
택시 운전사
Taeksi Unjeonsa
Combattre pour la liberté ou fuir pour sa tranquillité?
Voici un film très particulier, et pour bien le comprendre, il faut connaître cette période de l’histoire de la Corée du Sud.
Pour cette partie « historique », je vais donc citer Wikipédia plutôt que de faire semblant d’être un gars qui connait tout sur la Corée du Sud:
Soulèvement de Gwangju
Pendant le règne de Chun Doo-hwan, cet événement était présenté comme une révolte inspirée par des sympathisants communistes, mais une fois qu’un régime civil a été mis en place, il a été reconnu qu’il s’agissait d’un mouvement ayant pour but de défendre la démocratie contre la dictature militaire. En 1997, les anciens présidents Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo furent jugés coupables, avec 17 autres accusés, pour leurs « liens avec le coup d’État du 12 décembre 1979, le soulèvement de Gwangju et des fonds secrets », pour être par la suite graciés. En 2002 furent créés un cimetière national et une journée commémorative (le 18 mai), pour « dédommager » les victimes et « restaurer leur honneur ».
Cet événement est généralement appelé « 5 1 8 » (« 오일팔 » (hanja : 五一八), prononcé « o il pal », c’est-à-dire « cinq un huit » en français) en coréen, en référence à la date du soulèvement (avec, dans l’ordre, le mois et le jour).
Voilà, vous pouvez maintenant imaginer l’état du pays, et si vous souhaitez en savoir plus, cliquez sur le titre « Soulèvement de Gwangju », un peu plus haut.
Nous voici donc en ce joli mois de mai 1980, à Séoul, en pleine dictature, et nous retrouvons Kim Man-seob, un chauffeur de taxi endetté jusqu’au coup.
Kim a 4 mois de retard de loyer et élève sa fille de 11 ans comme il peut.
Son propriétaire est un de ses meilleurs amis qui ne cherche absolument pas à récupérer tout cet argent, ce qui n’est pas le cas de sa femme.
Le hasard faisant bien les choses, Kim entend parler d’un étranger qui veut se faire conduire à Gwangju et qui paye une petite fortune pour cela.
Kim saute sur l’occasion, vole la course à l’un de ses collègues, et embarque l’étranger.
L’étranger est un journaliste (un vrai hein, pas comme ceux d’aujourd’hui!!) Allemand qui veut absolument filmer ce qui se passe à Gwangju.
C’est partie pour un bout de l’Histoire de la Corée du Sud, enfin une adaptation pour les besoins du film…
« A taxi driver » commence comme une comédie très légère où Kim le chauffeur de taxi n’est absolument pas engagé politiquement (c’est un ancien militaire), et croit absolument tout ce qui passe à la télé ou dans les journaux, en terme d’information… Comme toute la Corée du Sud ou presque.
Il a bien sûr entendu parler des événements de Gwangju, mais pour lui, il s’agit de « sales » communistes et autres terroristes comme le répète non-stop la télé.
Kim ne peut absolument pas croire que des militaires s’attaquent à des citoyens de leur pays.
Le doute ?
Arrivé près de Gwangju, impossible d’y entrer.
Toujours aucun doute dans l’esprit de Kim, alors que Peter le journaliste commence à réaliser que les « bruits » venant de Gwangju sont réels.
Ils finissent par arriver sur les lieux, à savoir une ville en état de choc.
Première rencontre avec des étudiants et des habitants…
Jae-sik (Ryu Jun-yeol):
Voilà le 3ème « pilier » du film. Un étudiant qui parle un peu anglais et qui va servir de traducteur à Peter.
Lui, son but, c’est d’apprendre la guitare pendant ses études, mais il fait partie du soulèvement et est très engagé dans la lutte.
Très joyeux, souriant, beaucoup d’humour, il va tout donner pour aider Peter à réaliser son reportage et à le faire sortir du pays le moment venu.
Peter (Jürgen Hinzpeter):
Véritable journaliste engagé, il ne va reculer devant rien pour être là quand il faut, au risque de sa vie.
Il est le seul journaliste à couvrir ces faits.
Il révélera au monde entier ce qui se passe à Gwangju.
Je me permets de raconter beaucoup les faits, car ils sont connus et font partie de l’Histoire. Vous imaginez bien que Peter à réussi à sortir du pays.
Il sera d’ailleurs (le vrai Peter) reçu des années plus tard (en Corée du Sud) pour recevoir un prix très officiellement.
Nous avons droit à la fin du film à une séquence très émouvante en vidéo, avec le vrai Peter.
Il décédera en 2016.
Les taxis de Gwangju:
Voilà les autres acteurs du film, les taxis.
Quand je dis taxi, je pense à leurs chauffeurs. Ils sont là, dans la contestation et servent principalement d’ambulance.
Ils sont solidaires et leur métier, c’est leur vie.
Plusieurs de ces chauffeurs vont être au premier plan.
De la comédie au massacre:
Jusque là, nous sommes dans l’effervescence, l’excitation, les manifs et toujours le dénie de Kim.
Et puis…
… Et puis ses yeux et les nôtres s’ouvrent sur la réalité.
Les cœurs se serrent, la peur s’empare de vos muscles, la réalité cogne jusqu’au fond des tripes, et là et seulement là, devant la croisée des chemins, tu dois prendre les décisions de ta vie, au premier degrés comme au second.
La mort te sourit, la peur te tétanise, mais pas le choix, ou si, deux choix:
1- Tu fuis vite et loin parce que c’est comme ça, tu n’as pas le courage, l’illumination ni même la liberté de réfléchir. Tout ton corps et ton cerveau te dise de foutre le camp comme un lâche sans te retourner, c’est l’instinct de survie.
2- Tu vois l’horreur, l’injustice, la mort. Tu vois ton armée abattre froidement les citoyens désarmés. Tu vois que ton pays vient de basculer dans le « no-limit », tu sais, tu as vu, tu ne peux pas vivre en acceptant ça et la seule réaction qu’il te reste, c’est la résistance… C’est l’instinct de survie, mais d’un autre style de vie, celui des gens debout.
Peter et Kim sont maintenant devant ce choix…
Peter est un journaliste, un vrai comme je l’ai dit plus haut, donc pour lui la question ne se pose pas, mais Kim.
Kim a une fille de 11 ans qui est seule à Séoul et il a l’argent de la course…
Je ne vais rien vous dire concernant la dernière partie du film, mais sachez que c’est du grand cinéma.
Kim, c’est Song Kang-ho, l’un des plus grands acteurs au monde (ce n’est que mon avis).
C’est lui dans « Memories of murder », « Snowpiercer », « The Host », « Sympathy for Mr. vengeance », « J.S.A. », etc…
Dans ce film, il sort toute sa palette. Toujours dans la finesse, le juste ton, une très belle performance.
La réalisation du film est, elle aussi, parfaite.
Cette douce pente te menant vers l’enfer, vers une réalité que nous connaîtrons peut-être, et bien Jang Hoon en maîtrise parfaitement la descente.
Les Coréens ne se sont pas trompés sur ce film, c’est devenu un des plus grand succès en Corée du Sud. 4 millions de spectateurs en… 4 jours!!!
J’espère que nous aurons au moins une sortie Blu-ray en France.
Voici quelques autres photos du film:
Pour conclure, « A taxi driver » est un grand film que vous devez voir car je ne vous ai rien dit en réalité.
C’est un véritable coup de cœur et coup au cœur que j’ai reçu, et c’est une fois de plus la démonstration que le cinéma de la Corée du Sud est juste le meilleur du monde.
Une écrasante nouvelle vague qui n’en finit pas!
Bonus:
Vosta
En vo, un making of:
See you soon!!