Shin Godzilla ou Godzilla Resurgence
シン・ゴジラ
Salut à toi Oh! grand fan du Godzilla de Roland Emmerich, ou de la version de Gareth Edwards, toi qui vénères les effets numériques à 25 000 000$ la seconde, toi qui adores qu’un monstre soit réaliste ???(en gros qu’il ressemble à un dinosaure de « Jurassic Park »), toi qui aimes plus l’action que le blabla, et bien toi, oui toi, tu peux partir car tu vas être déçu.
Par contre, toi qui adores les « Gojira* » Japonais, le vrai, celui qui détruit le Japon régulièrement, celui qui ne ressemblera jamais à un T-rex géant, celui qui te rappelle ton enfance, tes jouets en plastiques, les gigantesques batailles qui se passaient dans ta tête, alors toi, tu vas adorer.
(*Gojira est le nom de la bête dans sa version Japonaise)
(Attention: je vais faire quelques révélations sur l’histoire et mettre beaucoup d’illustrations. Je ne pense pas que cela nuise au film pour une fois, car l’histoire est toujours la même.)
Ce Godzilla n’est pas en plastique, il a de la gueule, de la prestance, un charisme à te clouer sur place, mais il faut pour l’apprécier se détacher de tous les effets spéciaux qu’on nous balance à la tête par kilos/tonnes.
Exemple:
Vous êtes en train de sourire!
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne manque pas d’imagination et que c’est original.
Bref, voici donc le (vrai) retour de Gojira.
Tokyo mon amour:
Une belle journée commence près de la baie de Tokyo, quand soudain:
Une créature aquatique fait son apparition.
Personne ne sait ce que c’est, ni quoi faire.
L’administration du Japon se réveille:
Voilà, voilà… (Quelqu’un s’est moqué de l’administration française??).
La créature sort de l’eau, et décide de se diriger vers Tokyo (une très vieille histoire d’amour).
Mais quelle est cette chose, se demandent à peu près 1500 ministres et spécialistes??
Mais nom d’un p’tit bonhomme, c’est pas le Gojira que je connais!!
Effectivement, mais c’est quand même lui.
Il va plusieurs fois muter durant son voyage, jusqu’à atteindre la hauteur faramineuse et impressionnante de 118 mètres!!
Ce qui fait de lui le plus grand Gojira de tous les temps!
Pourquoi tant de haine?
Oui, pourquoi revenir sans arrêt à Tokyo?
Pourquoi détruire systématiquement cette région?
Godzilla n’a-t-il pris qu’un JR Pass locale?
Non! Il vient à Tokyo, parce que c’est la tradition, et puis c’est tout! Et les traditions au Japon, ça se respecte de génération en génération.
En même temps, quand tu aimes tout casser et que tu cherches du monde à écrabouiller, Tokyo, c’est pas si mal.
C’est pas tout ça, mais il va falloir penser à le stopper.
Pour cela nous pouvons compter sur les ministres, les militaires et les spécialistes.
Nous allons donc suivre toute cette belle administration qui ne peut pas prendre une seule décision sans faire une réunion.
Mais Godzilla s’en moque, lui il avance pas après pas, quartier après quartier, et c’est pas quelques explosions qui vont l’arrêter.
Il est donc temps d’envoyer la sauce…
Tanks, hélicos, missiles, prières etc…
USA, mon sauveur!!
Ben voilà, le Japon impuissant n’a pas d’autre choix que de demander de l’aide aux incroyables et prétentieux américains.
Et en temps normal j’aurais dit:
« Quoi, mais vas-y avec tes amerlocs à la con, on s’en tape, c’est quand même pas eux qui vont tuer Gojira! »
Mais je me suis calmé, car les USA dans ce film, c’est ça:
Et vous connaissez les méthodes des p’tits gars du Texas?
« Je propose une bonne tête nucléaire sur la bête!! » (en gros).
Mais Gojira s’en fiche encore plus.
Et bien oui, ça ne rate pas, Gojira va s’énerver un tout petit peu.
Chauffage par radiation:
Allez, ciao les cowboys (ils quittent le film tout penauds, sauf miss América).
Revoilà les Japonais seuls face à l’immonde bête toute rageuse.
Pas d’inquiétude, le Japon se relève de tout. Il va prendre son courage à deux mains, va trouver une idée « WTF » pour terrasser le monstre.
Je ne vous dis pas quoi, car c’est le final du film.
Gojira Hiroshima:
Il y a certainement des gens qui ne connaissent la bête qu’à travers les films Américains, et donc vous pensez que ce monstre n’est qu’un stupide mutant attiré par les centrales nucléaires.
Faux.
Gojira est bien un mutant, mais qui émet des radiations.
Gojira est un symbole, celui des deux cadeaux empoisonnés des Américains à la fin de la seconde guerre mondiale.
Il représente l’arme nucléaire. Le feu, les radiations, la destruction, l’impuissance de l’homme face à ça.
Il apparaît au pif, avance et détruit sans se poser la moindre question.
Il n’a aucune pitié. Et pour cause, ce n’est que la représentation de la mort, mais pas n’importe qu’elle mort, celle créée par l’homme.
Du coup, voilà pourquoi militaires et personnels politiques (Japonais et Américains) sont ridiculisés par le réalisateur.
Le film ne cesse de nous montrer absolument toutes les réunions, les décisions et surtout le fait que la moindre action doit être approuvée par le 1er ministre.
Il ridiculise en particulier les supers héros venus des States of America.
Gojira n’est que l’incarnation du pire mal que nous ayons créé, et le Japon peut légitimement s’en servir comme symbole depuis des dizaines d’année.
Il est donc naturel de constater que ce Gojira est la seule et unique version légitime.
Elle a du sens, et vous aurez beau mettre deux tonnes de poissons* sur son chemin pour le piéger, Gojira s’en fout!
(*Voir le Godzilla de R.Emmerich)
Le destructeur
Au final, c’est vraiment un bon film.
Il paraîtra « kitch » pour à peu près tout le monde (en particulier Gojira), mais c’est un parti pris pour ce film qui mélange costumes, effets numériques et effets spéciaux traditionnels (maquettes).
Il y a d’ailleurs beaucoup de séquences très réussies visuellement, ce qui laisse penser que si le réalisateur avait voulu un monstre numérique qui fasse plus « organique », il l’aurait fait.
Vous devrez également accepter les innombrables réunions administratives, et c’est encore un parti pris. L’impuissance ne peut passer que par la démonstration que le système ne fonctionne pas. Il y a du « Brazil » dans ce film, mais ici il est vrai.
Une chose est sure, bien qu’il paraisse « kitch », Gojira est sublime.
Gigantesque et iconique sur tous les plans. Chacune de ses apparitions est un régal.
Parfaitement hideux et sublime à la fois, ayant l’air d’être torturé à cause de son aspect et de ses petites mains acérées, il apparaîtra sous un autre angle dans le tout dernier plan.(Que je vais mettre, car elle ne fait que confirmer ce que j’ai expliqué)
C’est la très grande réussite du film.
Il reste encore quelques détails qui sont assez intéressants du point de vue du Japon.
Nous somme en 2014 quand le film sort, et je vous ai dit que Gojira incarnait Hiroshima et Nagasaki, mais il ne faut pas remonter aussi loin pour comprendre l’énorme succès du film à sa sortie.
Fukushima.
Le Japon ne s’est toujours pas remis du tsunami et des explosions des réacteurs de Fukushima.
Pour eux, c’est encore une raison supplémentaire de voir Gojira comme un symbole.
Dernier point qui rend hommage à tous les Gojira, c’est la musique.
Le thème classique repris donne une grandeur à toutes les séquences de la bête.
Elle est magique et épique.
Voici le concert consacrée en grande partie à Gojira, mais aussi à une ancienne réalisation du réalisateur Hideaki Anno.
La prochaine version de Godzilla sera Américaine et sortira le 20 mars 2019. Le film sera réalisé par Michael Dougherty et l’actrice principale sera Millie Bobby Brown (Eleven): Godzilla, king of the monsters.
Ensuite ce sera le tour de la version de Adam Wingard. Sur les écrans le 28 mai 2020:
Godzilla versus Kong.
Voilà, j’espère que je n’ai pas fait trop de révélations.
Si vous aimez Gojira plus que Godzilla, alors vous serez heureux devant ce film qui marie à merveille les vieux Gojira et notre époque moderne.
Le kitch a bon goût.
Sayonara les p’tits monstres.