この世界の片隅に
Kono sekai no katasumi ni
Dans un recoin de ce monde
Hello,
je fais partie des fidèles de la notation des films sur SensCritique, et je ne peux pas voir un film sans aller lui coller une note et si possible une petite critique.
Je suis un client assez facile pour le cinéma.
Il y a pour moi trois genres de films.
1– Les films nuls, ratés, minables et c’est un concept que j’ai du mal à avaler. Il faut faire de gros efforts pour complètement rater un film.
2– Les films qui répondent à ce qu’on attend d’eux. Que ce soit intellectuel ou juste du spectacle, que ce soit drôle ou triste, tant pis si c’est du déjà vu du moment que je passe un bon moment et que le film fonctionne avec moi.
3– Les chefs-d’œuvres. Ces moments rares où d’un seul coup, ta vie possède quelque chose de nouveau. Un petit morceaux de cœur en plus? Un bout d’âme qui te manquait? Peut-être est-ce juste la rencontre parfaite entre ton subconscient et une oeuvre qui va si facilement te transporter et te transformer?? On est proche de l’amour irrationnel, celui qui ne s’explique pas, mais pour lequel tu iras jusqu’au bout du monde. La magie ou l’alchimie?? En tout cas, ceux là, ils faut les aimer, les partager mais c’est au risque de les sur-vendre et finalement d’en dégoûter les gens. Mais je me suis rendu compte avec le temps, qu’on m’a dégoûté de pas mal de films ou séries. Je pense en premier lieu à « Game of thrones ». Je ne suis pas encore prêt à le voir tellement tout le monde m’a gonflé avec cette série. Bref, voilà sûrement une des raisons pour que je continue ce blog. Parler de ce que j’aime sans prendre la tête à tout le monde.
Evidemment, cela demande un effort, celui de lire. Et au cas où tu aurais aimé la review, de donner ton avis, de partager, bref de faire vivre un blog.
C’est catégorie 3, version ++.
Le jour où tu réalises que la vie est injuste:
« Dans un recoin de ce monde » est sorti en France le 13 septembre 2017.
-Raté!! J’ai raté la sortie du film que j’attendais le plus.
Pas grave, comme d’habitude je vais attendre 4 mois la sortie Blu-ray.
Et c’est ce que j’ai fait, allant même jusqu’à prendre la « version collector exclusive limitée payetaracepcqtescon ». Oui une édition exclusive à 50€.
Le détail qui te gâche le plaisir. Il y a le coffret « steelbook » magnifique avec la version BR du film et les bonus, la version DVD (aucun intérêt dans ce genre d’édition), une affiche, un petit fascicule qui résume le film (sympa), un book façon BD qui est en fait une analyse du film par Alexandre Leloup (originale, mais je ne veux pas qu’on m’oriente dans ce film, en particulier quand tu as droit aux conférence de presse de Sunao Katabuchi, le réalisateur), et surtout le superbe cahier de dessins de Suzu (l’héroïne du film qui dessine beaucoup).
Quel bonheur d’ouvrir le cahier et…!!! WHAT????
Ce vent cosmique que tu te prends dans la face quand tu découvres toutes les pages blanches… Le seul objet que tu veux, le Saint-Graal de Suzu. Pouvoir admirer sur du vrai papier les dessins de Katabuchi à travers Suzu. Tu l’as vu dessiner pendant tout le film, et quand tu commandes le collector, tu te dis… « Cool, ça c’est intéressant ». Voilà, fin de l’encart déception.
Mais vous croyez que je me suis précipité pour le voir?
Non, j’attendais le bon moment, je savais qu’il fallait que j’attende.
Le jour de la seconde chance:
Un coup d’œil sur Facebook et là mon cœur s’arrête. (j’en fais pas trop??)
ESC Distribution et @Alltheanime annoncent une « rencontre/projection » (en vost) de Princess Arete (le premier film de Sanao Katabuchi en tant que réalisateur), et de « Dans un recoin de ce monde« .
Double cerise sur le gâteau, Sanao sera présent après les projections pour discuter avec nous, et c’est au Grand Rex en Grand large!!!!!
Pour le « Grand Large », il n’y a que 1200 places tout en haut d’ouvertes. (11m x 25m, 280m²)
Si vous voulez voir ce que ça donne, cliquez ici! (Avant-première mondiale de Star Wars 7)
Malheureusement il faisait sûrement trop chaud ce 24 mars 2018 et la crème a coulé emportant avec elle l’une des cerises… Pas de Grand Large parce que PAS ASSEZ DE MONDE!!!!!
Vous ne le savez pas encore, mais on parle du plus beau film d’animation à ce jour! (ok, c’est juste mon avis, mais c’est moi qui écris)
On se rabat sur une très belle salle quand même. Moi qui rêvait de le voir sur cet écran de folie qui t’immerge intégralement dans le film.
C’est parti avec Princess Arete…
Je ne cache pas que ce n’est pas du tout le genre de film d’animation que j’apprécie. Un film qui se déroule au moyen-âge avec une histoire assez soporifique. Bon, j’avoue, je me suis ennuyé comme jamais. (Je le reverrai plus tard, car ce n’était peut-être juste ni le bon moment, ni le bon endroit)
Du coup, est-ce-que je ne me fais pas de fausses idées sur ce que j’attends depuis si longtemps??
Un petit quart d’heure de pause où je papote avec un gars de chez @Alltheanime, très sympa. Deux trois infos intéressantes plus tard, il est temps de voir si mes rêves vont s’effondrer, ou si ce film que j’attends de voir depuis si longtemps, va m’emporter ailleurs…
Le jour où tu te prends un uppercut dans la face:
2h10 plus tard…
C’est très très au dessus de mes attentes, à tout point de vue.
Le film est d’une beauté à te couper le souffle.
Le trait est simple, tout comme l’animation, les teintes sont plutôt pastels, mais l’ensemble donne un cachet d’une magnificence sans égal.
Et figurez-vous que le film n’est pas juste « sublime », non, il est passionnant.
Et c’est très surprenant car l’histoire est d’une simplicité enfantine.
Voici la vie de Suzu Hôjô de 1933 à 1946, au Japon, dans la région d’Hiroshima.
Voilà, c’est tout.
Oui, mais ne vous trompez pas de « c’est tout ».
Ici, c’est tout le Japon que vous allez découvrir. Le vrai, et à une période critique de son histoire moderne.
Ce film est un témoignage sur la manière de vivre des familles japonaises à cette époque.
Et miracle, c’est tout sauf un film de propagande. Ni pro-japonais, ni pro-américain.
Tout ça n’a pas d’importance, il s’agit d’une reconstitution d’un mode de vie qui a basculé le 6 août 1945.
Suzu va devoir quitter Hiroshima en 1944 (à 18 ans), car un inconnu la demande en mariage auprès de ses parents. Elle va donc aller vivre à Kure, une ville dotée d’un port militaire, qui se trouve à quelques kilomètres d’Hiroshima. La guerre du Pacifique est là, et la vie devient de plus en plus dure pour les habitants. Malgré tout ça, Suzu va garder une joie de vivre incroyable et va s’efforcer d’améliorer la vie de sa nouvelle famille par tous les moyens à sa disposition.
Le jour d’après:
Comme d’habitude, je ne vais rien gâcher du plaisir que vous aurez en découvrant cette tranche de vie, mais je dois me positionner en tant que spectateur occidental habitué à certains effets attendus dans les films.
Ici, il y a en point de mire le bombardement d’Hiroshima. Vous vous y êtes préparés parce que ça risque d’être un moment particulier, affreux, insupportable.
C’est bien pire que ça, car le film va véritablement se fixer sur Suzu, et l’explosion ne sera pas du tout ce que l’on pense en tant que spectateur habitué au « spectacle » et à la mise en scène la plus violente et macabre possible. Il y a d’abord une affection énorme envers Suzu qui est là, définitivement. Elle est de votre famille, celle du cœur, celle que vous avez choisie, et il y a un suspens assez fort sur le lieux où sera Suzu au moment fatidique.
Donc, de ce point de vue là, vous allez être surpris.
Le film est clairement en deux parties.
Mais je ne dirais toujours rien.
Sachez simplement que dans la salle de cinéma, à un moment, nous avons tous reçu une terrible gifle… De très longue secondes de silence (au bord des larmes).
Une rupture aussi bien sonore que visuelle… très surprenant dans un film d’animation.
Les années de préparation du film:
D’énormes recherches à et autour d’Hiroshima, pour que le film soit une exacte représentation de cette vie disparue.
6 ans pour faire ce film.
Film qui sera financé par les citoyens japonais, car les studios traditionnels n’y ont pas cru…
C’est ce qu’on appelle une double faute. Non seulement c’était le moment de créer un film sur l’histoire des Japonais (plus que du Japon), mais en plus, le film a cartonné, et en particulier au niveau des « seniors », les vieux quoi.
Le film est sorti 70 ans après les événements d’Hiroshima.
Ajoutez à cela que le film a battu le record historique détenu par « West side story » pour la longévité de présence dans une salle de cinéma. Bravo!
Le jour où tu rencontres ton amour et son papa!
Bon, le film se termine, et il faut vraiment un bon moment pour retrouver ses esprits.
Le très long générique nous donnes le temps de le faire (comme pour « le Seigneur des anneaux », les noms de ceux qui ont financé le film y apparaissent).
Voilà donc la personne que tout le monde attendait:
Sunao Katabuchi.
Il est accompagné d’un excellent interprète et de son épouse « virtuelle ».
Comme tout bon Japonais, la première chose qu’il fait, c’est s’excuser pour la longueur du générique.
La seconde chose, c’est de nous présenter son épouse (qui a autant travaillé que lui sur le film), mais qui n’est pas là.
Il est donc venu avec une petite poupée qu’il a installé sur une chaise à côté de lui, mais qu’il a vite fait de reprendre dans sa main.
En fait, nous a-t-il expliqué, sa femme travaille sur une version longue du film (environ 30 minutes de plus) qui sortira au Japon en septembre.
Après cela, il y eu des questions, des témoignages, des remerciements de la part des spectateurs, et toujours des réponses ultra complètes de Sunao Katabuchi.
Un vrai moment de bonheur pour tous les fans d’animation japonaise.
Qui est Sunao?
Et bien il commence en 1984 sa carrière avec Hayao Miyazaki pour la série « Sherlock Holmes ». (dont les masters blu-ray sont sublimes)
En 1987, il se voit confier la réalisation de « Kiki la petite sorcière ».
Malheureusement Hayao Miyazaki (qui finissait « Mon voisin Totoro » pendant ce temps là) trouve que le scénario de Nobuyuki Isshiki n’est pas terrible, et il prendra donc la décision de réaliser et d’écrire le scénario lui-même. Sunao restera quand même l’assistant réalisateur.
De toute façon, à ce que j’ai compris, c’était pas le grand amour entre les deux.
En 1996, il réalise beaucoup d’épisodes de la version japonaise de Lassie (« Famous Dog Lassie« ). Attention, ça pique les yeux!!
Surprenant de voir que « Sherlock Holmes » réalisé 12 ans avant, est resté une petite merveille, mais que ce Lassie ressemble à une sous-production. Budget??
Voici l’intégral en japonais!!!! (vidéo supprimée!)
En 2001, il réalise donc son premier long-métrage, « Princess Arrete ».
En 2006, il va réaliser et écrire beaucoup d’épisodes de la série « Black Lagoon ». (léger changement de style)
En 2009, il réalise le sublime « Mai Mai Miracle ».
Et enfin, en 2016, sortira « Dans un recoin de ce monde ».
Il nous parle de tout longuement, en détail, avec passion.
Un sacré bon moment.
La conférence se termine, mais pas question de ne pas remercier personnellement le gars et si possible d’avoir un autographe. (Fan attitude!!)
Direction la sortie du Grand Rex, et Sunao, en mode « générosité non-stop », pose ses affaires et passe 20 bonnes minutes à faire des photos et à signer posters, Blu-ray etc…
ありがとうSunao
Cet homme vient de réaliser une oeuvre unique dans l’histoire de l’animation.
Un chef-d’oeuvre tiré du manga de Fumiyo Kouno (ou Kõno), une mangaka née en 1968.
C’est en 2010, pendant les présentations de « Mai Mai miracle » au public, que quelqu’un lui a dit qu’il fallait absolument qu’il réalise « Dans un recoin de ce monde« .
Sunao dévore le livre et ressent une connexion très forte avec.
Il part à la rencontre de Fumiyo et discute avec elle longuement.
Celle-ci lui explique que c’est en voyant Lassie (la version japonaise de Sunao) qu’elle comprend l’importance de la description du quotidien des gens ordinaire, même quand il ne se passe « rien ».
Et c’est comme ça qu’elle écrit « Dans un recoin de ce monde« .
(Je vous conseilles le manga qui est une merveille)
Fumiyo (vo):
Alors, Karma ou pas Karma??
Si vous ne l’avez pas compris, c’est simplement la vie de Suzu Hôjô au travers d’une partie sombre de l’histoire du Japon.
Ce n’est pas un film de guerre, ni un film sur la guerre, c’est juste pendant une guerre.
C’est un hymne à la joie, au combat quotidien, à la solidarité, à la simplicité, à l’amour, à la famille, à la vie la plus simple possible.
Positiver en permanence, ne pas subir mais apprécier les choses simples, ne pas attendre mais profiter de tout.
Et tout ça en dessins absolument sublimes.
C’est ce qu’ont vu mes yeux et ressenti mon cœur.
Sunao aura réussi quelque chose d’unique, sublimer le quotidien et la vie d’une gamine qui deviendra une femme, à travers un film d’animation qui ressemble plus à une incroyable et magnifique poésie qu’à n’importe quoi d’autre.
fin.
(Fausse fin, comme d’habitude)
Musique du bonheur et de la tranquillité
Sachez que la musique ainsi que les paroles ont été écrites par Kotoringgo ainsi que Suanao Katabuchi (réalisateur) et Fumiyo Kouno (mangaka), pour certaines autres chansons.
Elles sont interprétées par Kotoringgo
Un dernier petit point sur l’actrice qui joue Suzu. Au Japon, les voix sont la partie la plus importante dans un film d’animation, et ces doubleurs sont autant mis en avant que le film lui-même.
Il s’agit de のん (prononcer « non » avec un accent anglais) qui fera la voix de Suzu. (Il faut dorénavant un VPN puisque la vidéo a été zonée)
Allez, maintenant c’est à vous de découvrir ce joyaux.
[…] Dans un recoin de ce monde 05/05/2018 […]
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